La fenetre du fond
Recherches et inspirations : Les créations en espace public
Sketch, Lucas De Man

Les modes d’habitats et les usages d’espaces communs sont d’autres sujets d’interrogations et de créations. L’objectif de certaines interventions est de cibler des espaces communs, reconnaître le rôle, se poser des questions sur les modalités et les fonctionnalités. L’œuvre Sketch, une création de 2014 par l’artiste belge Lucas de Man, invite les habitants d’une ville à venir dessiner leur propre projet rêvé pour une future ville. Une hutte en papier est installée dans l’espace urbain durant trois jours. Les participants ont le choix d’y entrer ou non, d’y poser une trace de leur passage ou non, afin d’y présenter la conception de leurs habitats imaginés.
Dominoes, Station House Opera

La question du vivre ensemble est abordée au sein de l’œuvre Dominoes, une création de 2009 par la Compagnie anglaise Station House Opera. Ce projet nécessite une grande participation et une mise en commun des capacités des habitants locaux. L’objectif de la création est d’édifier une ligne de dominos de siporex, traversant la ville sur plusieurs kilomètres. Les bénévoles mobilisés devront mettre en place ces blocs de béton blancs et ils devront faire attention à ce que la ligne ne s’effondre pas avant l’heure officielle de la chute des pièces rectangulaires. L’expérience est une responsabilité partagée. La mobilisation des participants requiert des énergies différentes dont l’objectif est semblable. Par la proposition Dominoes, la Compagnie Station House Opera invite les habitants à devenir des participants à l’édification de cette ligne de béton, et les invite à envisager la ville, l’architecture et l’urbanisme de manière alternative.
Projet Khor II - TAAT

TAAT est un Collectif hollandais composé d’architectes, d’urbanistes et d’artistes. Leur proposition KHOR II se divise en trois parties : co-construction, théâtre/collectif et débat/workshop. KHOR II relie architecture, théâtre, art et développement social. Le collectif tente de créer une prise de conscience de nécessité de l’architecture engagée dans le centre-ville. Ce lieu, créé à l’aide du public, d’experts et d’étudiants est un espace où les gens peuvent se rencontrer dans un « espace-réel » en « temps-réel » dans le but d’échanger et de partager des idées, des expériences, des opinions. Les experts utiliseront une approche ludique et théâtrale pour que le spectateur participant découvre autrement le lieu.
The Night, Hello!Earth

Le projet The Night, une création de 2016 par la Compagnie danoise Hello!Farth, offre au public une nuit participative de 14 heures pour être ensemble, discuter, rencontrer autrui, envisager de nouvelles voies pour le futur de l’Homme et de l’humanité. L’action de la proposition consiste à se préparer consciemment à l’heure du coucher, reflétant le moment où l’Homme lâche prise, dans ce cas-ci, collectivement. Moment de décrochage, les participants perdent le contrôle pour se laisser plonger dans l’inconnu. Les organisateurs de l’action prennent cet instant comme étant une action concrète, la considérant comme un point de départ et notamment comme métaphore afin d’imaginer une société post-capitaliste. Cette œuvre place au centre de sa création une réflexion sur des formes de démocratie et de futurs vivre ensemble. La Compagnie propose aux participants de passer une nuit avec des étrangers. Ce temps deviendra un catalyseur pour engager des discussions, des débats, des pensées plus profondes et pour repenser l’économie de rencontre et d’échange.
Questionnement

- Quel sentiment, quel rôle adoptez-vous en entrant dans la classe ?
- Comment se définit l’espace architectural de notre classe ?
- Avez-vous une place prédéfinie ?
- Quel chemin emprunter pour aller jusqu’à votre place ?
- Pourquoi ne pas repenser l’espace architectural de notre classe ?
- La question des places imposées ?
- Réflexion autour de l’espace architectural d’une classe au niveau matériel, (implantation des objets, l’agencement du mobilier) et au niveau de la présence des élèves // places imposées
Nous allons en Grèce...
Nous, Elodie, David, Arnaud, Isabelle, Julien.
Avec d’autres que nous n’avons jamais vus,
rejoindre d’autres qui y sont déjà.

Nous sommes en colère... Parce que nous ne nous reconnaissons pas dans ce monde où l’avidité est devenue une
valeur. Parce qu’amalgames et non-dits s’accumulent pendant que la crise gouverne par la dette, se nourrit à
la racine du rêve humain d’expansion. Et fait de nous des hypocondriaques quand on la dénonce.

Et que faire de cette colère, cette masse d’énergie bouillonnante ? Quelque chose de joyeux, sans aucun doute.
Quelque chose de créateur... Un conflit joueur. Pour nous, aller en Grèce c’est s’élancer dans une autonomie
sensible qui rit de l’absurdité de la finance-fiction et lève un majeur bien haut en direction de tous ceux qui
s’essuient les bottes sur son dos. C’est aller au centre du trou noir, jouir de l’immédiate inconsistance de nos
passions. Là où la crise se porte à merveille, dans le laboratoire de cette démence globalisée. Mais gare à celui
qui s’endort sur une fourmilière car, comme tout organisme qui subit une invasion, c’est aussi un pays en pleine
éruption de vie et d’alternatives pour survivre à l’occupation.

Nous choisissons d’agir, à travers une expérience de création. Créer. Jouer. Désobéir à la morosité. Désobéir
pour vivre, pour danser comme des fous. Face au repli, nous choisissons de nous ouvrir. Nous reprenons notre
pouvoir d’agir, sans attendre, sans rien ne devoir à personne. Sans dette. Avec notre corps, nos mains, loin des
injonctions virtuelles. Nos coups de mains, nos mains courantes, nos magnifiques mains d’œuvre ! Fini la
géopolitique, il sera question de tripes !

Pour créer, nous allons d’abord glaner... À l’agitation nous préférons la réceptivité. L’intuition. Qu’ils nous
apprennent, les « paresseux », à contempler un peu ! Nous nous laisserons d’abord imprégner. Ce sera une
grande cueillette de pensées, de visions d’ailleurs, d’individualités et d’histoire. Avec tous les moyens à
disposition, respiration, chant, danse, panoplie de frusques, performances, lyrique, surréaliste, musique, écrits,
cris, chuchotements, pas-chassés et sauts de biche. Nous inviterons quiconque, le quidam, à prendre la rue, à
reprendre goût au collectif, à se laisser surprendre par le souffle haletant des actants. Puis, nous monterons
des formes, spectacles, lectures, vidéos, concerts... selon les évidences. Enfin, nous jouerons ces créations
connectées, à Thessalonique d’abord, puis en France. Le processus est important, la façon de faire nous importe.
Nous en parlerons.

Ensemble... Plus que jamais, nos dernières expériences de collectif nous font désirer l’absence d’intermédiaires
pour nos prises de décisions. Nous ne voulons pas des experts. À l’échelle de notre groupe et au-delà, nous
souhaitons appliquer ces fonctionnements participatifs de l’antiquité depuis leur matrice grecque. Nous
croyons en l’intelligence collective, et en la valeur de chacun.e.s. Nous ne partons pas seuls. Parce que nous ne
sommes jamais seuls, c’est une illusion, nous sommes reliés. Parce qu’à la base, il y a l’envie de rencontrer,
directement, en faisant ensemble. Nous partons avec 25 individualités que nous ne connaissons pas encore,
rejoindre 25 aventuriers inconnus. Sans sélection. Au contact des habitants, des travailleurs.ses, des inutiles,
des résistant.e.s, des étranger.e.s, des musicien.e.s, des vidéastes, des dessinauteurs.ses, des bougeurs.ses de
corps, des enthousiastes...

Et avec... Nous ferons avec la rue, les pierres, le sol, les ours, la poubelle pleine, le trajet du bus 31 à
Thessalonique, les sources d’eaux chaudes, juste après la route pourrie, les sandwichs au tzatziki frites, les
usines, les enfants, la femme qui est toujours là mais pas aujourd’hui, la mer, le rebetiko, les grec.que.s et la
Grèce.

Oui, nous allons en Grèce. Soulever le voile opaque de la pollution au petit matin. Exprimer le vent sur nos
peaux. Nous laisser faire, et c’est énorme. Ce que nous ressentons est important. Et cela vaut la peine d’être dit.
Ce sera ambitieux de simplicité !

Nous allons créer, artisanalement. Attiser. Rayonner. La joie ne cédera pas : elle est là !

[Manifeste de la FAAAC (Fabrique Alternative et Autogérée aux Arts et à la Création). Laboratoire artistique international, collectif
d’artistes, réseaux d’échange et de solidarité, la FAAAC a été fondé en 2006 par Johan Swartvagher, jongleur professionnel du Collectif
Protocole. La FAAAC est définie comme étant une matrice à réaliser des rêves artistiques sans concession.]
Objectifs ? 

- Recherches et réflexions autour de l’espace architectural de la classe
- Repenser ensemble l’espace architectural
- Repenser ensemble l’espace architectural de notre classe
« L’espace, matériau concret et non vague notion juste au hasard. Il faut alors travailler les valeurs spatiales comme le peintre travaille les couleurs. Réveiller le sens de chaque lieu. Éveiller à l’espace les sens. Suggérer et permettre les mouvements. »

BOUCRIS Luc, Le texte, l’espace, le jeu, Catalogue de l’exposition Dramaturgie/Scénographie Centre Pompidou, Paris 1992.
©Arnaud Bilande